Collection(s) : La petite bibliothèque de Sindbad
Paru le 25/03/2015 | Broché 68 pages
traduit de l'arabe (Liban) par Abdul Kader El Janabi et Marie-Thérèse Huerta
La messagère aux cheveux longs jusqu'aux sources et autres poèmes
Dès son premier recueil, Lan (« Jamais », 1960), Ounsi El Hage a lancé un pavé dans la mare des lettres arabes. Dans sa préface, premier manifeste arabe en faveur du poème en prose, il proclamait que la poésie devait éveiller ses propres ombres à la lumière et non plus ronronner dans le giron de règles éculées. Tournant le dos à la rhétorique, il livrait la langue à toutes sortes d'expérimentations et démasquait l'éloquence derrière laquelle se cache la vérité de l'oppression. Ces jeux coïncidaient par nature avec son désir d'arracher l'amour de la gangue sentimentale, où une certaine tradition poétique arabe l'avait confiné, pour montrer la femme, présence incontournable dans son oeuvre, réelle, vivante et rédemptrice. Son long poème d'amour La Messagère aux cheveux longs jusqu'aux sources (1975) en est sans doute le meilleur exemple.
Né en 1937 à Beyrouth, où il est décédé en 2014, Ounsi El Hage a été l'un des premiers collaborateurs et la voix la plus radicale de la revue Shi'r (« Poésie »), publiée entre 1957 et 1964. Il est considéré comme l'un des principaux médiateurs du surréalisme dans le monde arabe, grâce notamment à ses traductions d'oeuvres d'André Breton et d'Antonin Artaud, accompagnées de commentaires contextuels et analytiques. Il est l'auteur de six recueils de poésie, de deux volumes d'aphorismes et d'un ouvrage en trois tomes réunissant ses plus insolentes chroniques de l'actualité littéraire et sociale parues entre 1964 et 1987 dans le grand quotidien libanais An-Nahar. Une anthologie de ses poèmes, Eternité volante, a été éditée par Sindbad/Actes Sud en 1997.