Collection(s) : Oui, mais...
Paru le 10/10/2005 | Broché 50 pages
Public motivé
Des pieds descendant longuement des marches, un portefeuille glissant de poche en poche, des mains tentant à grande peine de se défaire des menottes qui les enchaînent. Le cinéma de Bresson semble n'exister que pour suggérer les mondes qu'il ne montre pas. Bresson a développé radicalement un langage du hors champ qui seul permet d'exposer ce que le cinéma n'a jamais pu dévoiler : l'infinité des mondes existant. Ainsi, toute image bressonnienne renvoie à un infini dont elle n'est que l'extrait ou la face visible. Il y a donc bien une métaphysique dans le cinéma de Bresson.
Par le fait de suggérer plus que de montrer, Bresson crée donc un érotisme de l'image, où le spectateur est invité bien plus à imaginer qu'à regarder. Bresson conçoit une métaphysique érotique, à l'encontre d'un autre type d'images existantes qui, montrant tout, appartiendrait alors à un matérialisme pornographique.
Stéfan Leclercq est actuellement le directeur de publication de la revue de philosophie Concepts.