La mort digne

Fiche technique

Format : Broché
Nb de pages : 248 pages
Poids : 370 g
Dimensions : 22cm X 13cm
Date de parution :
EAN : 9782882411273

La mort digne

de

chez B. Campiche

Paru le | Broché 248 pages

18.00 Indisponible

Quatrième de couverture

Il ne restait donc que trois invités, tous d'anciens compagnons d'armes: en premier lieu, Jean-Louis, le pote de toujours; ils avaient mené leur carrière militaire en parallèle et ils ne manquaient jamais une occasion de se retrouver pour ressasser leurs souvenirs autour d'une bonne bouteille. Je me demandais comment celui-ci réagirait dans ces circonstances. Mon père n'avait rien caché du côté un peu spécial de cette soirée; ils en avaient discuté un soir au téléphone. Connaissant le tempérament de Jean-Louis, je pense qu'il avait approuvé spontanément cette décision sans trop y réfléchir. Il était prévu qu'il viendrait avec sa femme de son Valais natal. Le major Honegger serait le dernier participant. L'invité surprise en quelque sorte. Bernois, la cinquantaine. Veuf. Il n'était pas militaire de carrière, mais avocat d'entreprise pour une firme pharmaceutique. Mon père l'avait connu au régiment d'infanterie où ils étaient tous deux incorporés. Il en parlait souvent avec un dédain affectueux. Honegger, son «cher compatriote», celui qui mettait des cornichons sur sa raclette. Toujours le dernier à table, à force de mâcher sa viande, tellement fier d'avoir fait passer trois fois l'expertise à la vieille Audi qu'il traînait depuis bientôt quinze ans. Je me demandais quel serait le rôle exact de ce personnage dans le contexte funèbre de cette soirée. Je ne pensais pas que mon père le tenait en assez haute estime pour l'associer aussi intimement à ses derniers instants. Aurait-il poussé le raffinement jusqu'à donner une touche légère, voire comique, à la scène en y faisant intervenir une sorte de figurant? Je ne m'étonnais plus de rien, tant les événements prenaient une dimension extraordinaire et presque irréelle. Je ne voyais pas ce que ce théâtre dissimulait: le suicide, la mort dans toute sa vulgarité au bout du renoncement et de la souffrance. Il n'y avait que l'éclat de la tragédie. La dignité qu'il s'était bâtie et en laquelle nous voulions croire encore avec ferveur.

Biographie

Originaire de Coppet, Frédéric Lamoth est né à Vevey en 1975, de père hongrois et de mère suisse. Après des études au Gymnase cantonal de la Cité, puis à l'Université de Lausanne, il est aujourd'hui médecin.

Albert Biollaz, officier instructeur de carrière de l'armée suisse, vit une retraite aisée et heureuse en compagnie de son épouse et de son fils, Vincent, étudiant en lettres. Atteint d'une maladie incurable, il prend contact avec une association nommée S.O.S. (Sterben Ohne Schmerzen). Il désire organiser son départ de ce monde, comme il a mené toute sa vie. Peu à peu, Albert Biollaz s'égare, perd ses certitudes et se retrouve seul face à la «Grande Faucheuse».

Pour son premier roman, totalement fictif, Frédéric Lamoth dresse un portrait très ironique de la société helvétique, entre armée, service à la Patrie et vie simple. Sans jamais être méprisant, l'auteur nous touche par la justesse de son regard sur une certaine Suisse, aujourd'hui en grande mutation. Le roman marque aussi en profondeur par son sujet délicat et douloureux: organiser sa propre mort et y faire face.