Collection(s) : Ecritures
Paru le 10/01/2011 | Broché 285 pages
La musique est à la fois l'émotion et l'intelligence, intelligence avec le temps et l'espace abolis, intelligence avec un sentiment, intelligence avec un être. J'ai aimé Mahler, Fauré et Chausson. Non pas seulement à travers leur musique, qui au fond, aurait pu n'être qu'un prétexte à l'écriture, mais bien pour eux-mêmes, tels qu'ils me sont apparus au fur et à mesure que je les découvrais. J'ai aimé leur amour pour une femme, moi qui ne saurai jamais lui écrire une telle musique. J'ai aimé aussi ces femmes, Alma, Marguerite et Jeanne, pour leur amour d'un homme tellement supérieur à moi. J'ai aussi pleuré leurs chagrins et leurs peines : la mort de la fille de Gustav me renvoya à un déchirement. J'ai aimé ce qui à mes yeux les a unis tous les trois dans mon écriture, leur insatiable mélancolie. Cela m'amenait inévitablement à une autre femme, que je ne connais pas. J'ai aimé ses livres, j'ai aimé ses concerts et elle est venue s'imposer à mon écriture. J'ai bien voulu tergiverser, me moquer, écriture à l'eau, écriture à l'huile, mais rien n'y a fait : je ne pouvais pas l'éviter. Elle m'a permis sans aucune autorisation, d'écrire d'elle. Cette pardonnable effraction, c'est l'instant d'Hélène G., qui n'est pas forcément la pianiste que tout le monde connaît. Elle est seulement telle que je désirais qu'elle le fût, déesse antique dans le paysage toscan.
Michel Redon est né en 1953 à Toulouse. Longtemps avocat dans cette ville, il est aujourd'hui magistrat et réside à Nice. Associant exercice professionnel et écriture, il est l'auteur d'essais et de plusieurs romans.