Paru le 25/02/2004 | Broché 112 pages
La nuit en plein jour
« La terre de l'extérieur se mêlait au verre irisé en morceaux. À chaque impact, une partie de mon corps se brisait contre la tôle et je n'entendais aucun cri, plutôt des masses d'air en mouvement et des respirations contenues, des plaintes qui marquaient les blessures...»
La douceur étrange de ces premières lignes nous plonge au cœur d'une histoire fantastique et inquiétante où un homme, immobilisé sur un lit, dans un lieu inconnu, en instance de vie, entreprend un voyage intérieur pour comprendre ce qui lui est arrivé.
À travers des rêves, des souvenirs et des fantasmes enchevêtrés à des bribes de réel, il tente de reconstruire son identité ; seul moyen d'échapper à l'obscurité.
La virtuosité narrative de Sophie Aubry conduit le lecteur à la rencontre originale des langages littéraires et cinématographiques où les mots sont des informations sensorielles (Alessandro Barrico), et la structure, un travail habile de découpage et de montage en séquences (David Lynch).
La jeune comédienne dédie son premier roman à ceux qui affrontent la difficulté de vivre, et le besoin d'amour.
La nuit en plein jour de Louis débute lorsqu'un choc violent, une rupture, vient morceler son esprit et sa mémoire, multiplier ses identités, grandir ses rêves. La construction de l'histoire se présente en tableaux, en personnages.
Le jeu consistait à réaliser un exercice d'écriture sur le temps (plusieurs saisons, des souvenirs, absence de repères spatio-temporels, des changements de temps verbaux), afin que le sens de cette histoire se construise parallèlement à l'identité de Louis, de manière fragmentaire mais logique.
Le fragmentaire de la structure (forme d'écriture moderne par excellence sur lequel s'appuie la dimension romanesque) se présente par un découpage du texte en « chambres », par des paragraphes isolés, la logique des points de suspension. Il permet de multiplier les angles de vue : changement de sexe du personnage, vision d'un train dans le train, etc.
La spirale d'une narration à tiroirs laisse alors la part belle à l'imagination, à l'instinct, au contrôle de l'histoire, aux hasards nécessaires (voir Synchronicité de Jung) et au fantastique, pour créer une histoire courte, contractée, qui parcourt l'essentiel.
S. A.
Sophie Aubry, 29 ans, née à Gisors en Normandie, est comédienne. Elle partage sa vie entre Paris et Belle-Île-en-Mer.
Elle joue dans son premier film à l'âge de quatorze ans (Papa est parti, maman aussi de Christine Lipinska, 1989) puis tourne avec Benoît Jacquot, Jean-Pierre Améris, François Marthouret, Peter Kassovitz. Elle reçoit, en 1995, le Prix du Jury du festival Jean Carmet pour Le plus bel âge de Didier Haudepin. Elle travaille avec Jean-Louis Lorenzi (L'Orange de Noël, 1996) et Olivier Assayas (Une nouvelle vie, 1993 et Les Destinées sentimentales, 2000). Elle achève actuellement l'écriture d'un scénario.
