Collection(s) : Travaux & mémoires de l'Institut des hautes études de l'Amérique latine
Paru le 16/12/2021 | Broché sous jaquette 310 pages
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Qu'on le déplore ou non, notre rapport au monde biophysique est désormais fermement médiatisé par la mesure et les données numériques. Véritable Janus, cette information dite « environnementale » nous contraint autant qu'elle nous libère et fait l'objet de controverses brûlantes. Vecteur de démocratisation là où elle permet aux populations de connaître les risques qui les concernent et de participer aux décisions environnementales, elle s'avère dangereuse lorsqu'elle renforce des situations de domination sociale, ou appauvrissante quand elle réduit notre compréhension du monde vivant à quelques variables chiffrées. Incapable de représenter la complexité de ce vivant et du rapport que tissent avec lui les humains, elle connecte autant qu'elle marginalise les êtres et les choses.
Les enquêtes sud-américaines de cet ouvrage explorent ce que le numérique change aux façons contemporaines d'appréhender les problèmes environnementaux, à travers des récits qui racontent plusieurs tentatives de « mise en bases de données » de la nature au XXIe siècle. De la Pachamama andine au symbole global amazonien, des luttes populaires pour le droit à l'information aux velléités de régulation à distance de l'agrobusiness, des controverses sur la standardisation de nos rapports au vivant aux quêtes de souveraineté informationnelle, c'est à un bilan politique nuancé et complexe que le lecteur est convié.
Pierre Gautreau est professeur de géographie à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et membre du laboratoire Prodig (UMR 8586). Depuis 1999, ses enquêtes en géographie politique interrogent les possibilités de régulation de l'agrobusiness, la construction des savoirs environnementaux et les (difficiles) tentatives de dépassement des modes conventionnels de développement en Amérique du Sud. Il a notamment publié Les transnationales papetières 25 ans après : Uruguay, Brésil, Argentine (Trilce, 2014) et « L'impossible gestion post-néolibérale des forêts boliviennes » (Political Ceography, 2019).