Collection(s) : Titres
Paru le 15/10/2015 | Broché 167 pages
Tout public
La question d'Adorno «la poésie, après Auschwitz, est-elle encore possible ?» était également, bien que sur un autre mode, la question même de Paul Celan. Celle qui, aggravant la poésie, ne cessait de la rendre plus difficile. C'est parce qu'il portait en lui une telle question que Celan, en 1967, accepta de rencontrer Heidegger avec l'intention de lui demander - à lui, le penseur de la poésie mais aussi le penseur de cet âge du monde qui est le nôtre, de s'expliquer sur son attitude dans les premiers temps du national-socialisme et, surtout, de sortir du silence obstiné qu'il avait observé depuis la fin de la guerre sur Auschwitz : sur l'extermination, cet «évènement sans réponse» comme dit Blanchot. Heidegger ne dit pas un mot. Fit comme s'il ne comprenait pas. Sur le fond de cet épisode, emblématique, ce livre essaie de s'interroger sur la tâche aujourd'hui, et la destination de la poésie.
Philippe Lacoue-Labarthe (1940-2007) a longtemps enseigné la philosophie, notamment en partageant ses cours avec Jean-Luc Nancy à Strasbourg. Également traducteur, hanté par la question de la tragédie et, à travers elle, de la diction, son oeuvre accomplit le chemin qui va de la précision philologique à une interrogation portant sur la parole en général - sa possibilité, son battement, ce qu'elle ouvre, ce qu'elle rate ou frôle. Plusieurs de ses livres, dont La poésie comme expérience, sont aujourd'hui des classiques.