Collection(s) : Interférences
Paru le 17/03/2011 | Broché 304 pages
Public motivé
La Question animale
Entre science, littérature et philosophie
Une « question animale » se pose avec insistance aujourd'hui : découvertes majeures en éthologie, avec la mise en évidence de cultures animales ; prolifération de discours philosophiques, d'essais littéraires, de récits consacrés aux bêtes, multipliant les protocoles de relecture qui questionnent les rapports entre la raison et le sensible ; développement d'une « éthique animale » et « environnementale ». Car cet intérêt se dessine sur fond de catastrophe écologique et d'extinction des espèces. Alors que les avancées scientifiques font apparaître des mondes perceptifs communs aux animaux et aux hommes, que l'imagination littéraire avait sondés autrement, leurs communautés vécues reculent, voire disparaissent, produisant une inquiétude nouvelle. L'idée surgit d'un « contrat » moral entre humains et animaux que l'époque moderne aurait rompu. Faut-il construire un tel contrat pour notre présent, et avec quels instruments ? Ou faut-il repenser de fond en comble nos rapports avec le monde animal ? Sur ces questions se confrontent utilitarisme anglo-saxon et déconstruction continentale, les uns parlant de droits, de devoirs et d'intérêts mutuels, les autres oeuvrant à « rouvrir la question du pathos » et faisant entendre le « silence des bêtes », tandis qu'une nouvelle littérature, fictionnelle ou non, requestionne les pouvoirs et les limites de l'empathie et de la compassion. Au risque d'alimenter un nouveau mythe : celui de l'animal-victime, témoin muet d'une faute humaine universelle, qui viendrait rejoindre et représenter les victimes des catastrophes historiques du XXe siècle. Ce livre tente d'accompagner ces questions et ce mythe sur un mode critique, qui nous invite à penser à nouveaux frais nos similitudes et nos différences.
Jean-Paul Engélibert est professeur de littérature comparée à l'université de Bordeaux 3. Ses publications portent sur les frontières de l'humain, à travers notamment la représentation du travail, le motif de l'homme artificiel et la question de l'animal.
Lucie Campos, docteur en littérature comparée, enseigne à l'université de Poitiers. Ses travaux portent sur le traitement de la conscience historique dans la pensée contemporaine, et sur la relation entre littérature, critique, théorie et philosophie depuis le XIXe siècle.
Catherine Coquio est professeur de littérature comparée à Paris VIII. Ses travaux portent sur les relations littérature-politique, les mutations du nihilisme et de l'utopisme, W. Benjamin, R. Musil, I. Kertész, J.M. Coetzee.
Georges Chapouthier, de double formation biologiste et philosophe, est directeur de recherches au CNRS. Il a notamment publié L'homme, ce singe en mosaïque (Odile Jacob, 2001) et Kant et le chimpanzé. Essai sur l'être humain, la morale et l'art (Belin, 2009).