Collection(s) : Romantisme et modernités
Paru le 06/10/2003 | Relié 595 pages
Public motivé
Comprendre l'oeuvre de Zola comme une «somme a-théologique», tel est l'objet de cette étude, qui revient aux sources du mot «naturalisme». Avant d'être un ensemble de techniques littéraires, le naturalisme, dont la mission consiste à «faire le jour dans la nuit des vieilles croyances», a pour tâche de décrire la réalité, c'est-à-dire, selon les propres termes de Zola, «ce qui est, en dehors des actes de foi religieux». Le naturalisme excède donc nécessairement le domaine littéraire pour s'inscrire dans celui des idées. L'oeuvre de Zola constitue, ainsi, la première tentative romanesque de représentation de la réalité dès lors que celle-ci ne se donne plus comme création divine. Zola fonde le cycle des Rougon-Macquart sur la question de l'hérédité, qu'il tient pour une version laïcisée du péché originel, et y montre le monde en désordre. Après la transition des Trois Villes, confirmant la «mort» de Dieu, les Évangiles remettent le monde à l'endroit. S'appuyant, de La Confession de Claude à Vérité, sur l'idée d'un possible salut de l'humanité, Zola a cherché à surmonter le rapport chrétien au monde, pour lui substituer la vision d'une humanité affranchie de toute forme de surnaturel, dotée d'une «force tranquille», et portant sa propre lumière.
Ancienne élève de l'ENS-Ulm, agrégée de lettres classiques, Sophie Guermès est maître de conférences, habilitée à diriger des recherches, à l'Université Marc Bloch (Strasbourg II). Auteur de plusieurs ouvrages, elle étudie les conséquences de la déchristianisation sur l'émergence de nouvelles formes littéraires («crise de vers» ; naturalisme ; «nouveau roman»).