Collection(s) : Le vif du sujet , Aléas cinéma
Paru le 15/04/2011 | Broché 89 pages
Public motivé
Le film
La Ricotta est le film des vicissitudes du tournage d'un film : un réalisateur, interprété par Orson Welles, met en scène la Passion du Christ sous forme de tableaux vivants empruntés à la peinture maniériste ou anti-classique italienne. Se dégage un personnage, Stracci, figurant le bon larron crucifié à côté du Christ, dont les préoccupations - essentiellement se nourrir - contrastent avec celles des autres acteurs, mais dont le destin se superpose à celui de l'histoire racontée par le film dans le film : la Passion et la mort. Dépouillé de toute forme politique, Stracci est le représentant de la vie réduite à la dimension du besoin, de la vie telle qu'elle échappe à l'histoire. Ce statut d'exception fait de lui un pauvre Christ et un bouffon qui se prendrait pour le Christ.
Pasolini aura d'abord vu dans le cinéma la possibilité d'évoquer la réalité avec les moyens de la réalité, de représenter un corps avec un corps, un visage par un visage. Sous les dehors d'une simple évidence se dissimule en réalité un projet d'ampleur : rouvrir la modernité poétique aux questions de mimésis et faire de l'image le lieu d'une pensée anthropologique et politique.
Xavier Vert est historien de l'art, professeur à l'École Supérieure des Beaux-Arts de Nantes Métropole et membre du CEHTA (Centre d'Histoire et Théorie des Arts), rattaché à l'EHESS. Ses travaux portent sur la Renaissance et la période moderne. Il a organisé avec Giovanni Careri l'exposition « Louis Marin. Le pouvoir dans ses représentations », Paris, 2008, Institut National d'Histoire de l'Art.
