Collection(s) : Sagesse d'un métier
Paru le 19/11/2009 | Broché 87 pages
Tout public
avec la collaboration de Juliette Solvès
Sagesse d'un métier
Et si la pratique d'un métier était aussi un parcours initiatique, un chemin vers la connaissance de soi et du monde ?
Le fil, c'est un début et une fin. Tout l'art de la dentellière consiste à masquer l'origine des fils et leur fin. Elle camoufle, élimine les « coutures ». Alors la dentelle devient fil unique, mis en boucle sur lui-même comme un « noeud » de Moebius.
La dentelle nous parle de l'infini, elle qui réclame pour sa création des durées inouïes. La tête dans les fils, obnubilée par ma tâche, j'ai parfois vécu la réalisation d'une dentelle comme dans une bulle. Une éternité suspendue. Un certain éventail a représenté 1 200 heures de travail. Et puis, soudain, j'ai mis le nez à la fenêtre : les feuilles sur les arbres me disaient que le printemps était là - quatre mois s'étaient écoulés sans que je m'en aperçoive. Je suis toujours prise au dépourvu. Quand je fais de la dentelle, le temps ne passe pas. À la fin d'une pièce, le charme se rompt, et je retourne au monde.
Tous ces fils me tiennent autant que je les tiens. Est-ce le fil qui me suit ou moi qui suis le fil ?
Mylène Salvador a une vingtaine d'années lorsqu'elle découvre un métier de dentellière aux fuseaux, au musée Baron-Gérard de Bayeux. Depuis, elle se consacre avec une passion rare à cette activité. Meilleur ouvrier de France en 1982, nommée Maître d'Art en 1994, elle a participé à la création du Conservatoire de la Dentelle de Bayeux. Elle collabore depuis plus de dix ans avec de nombreux artistes, dont Annette Messager, Jean-Michel Othoniel ou encore Christian Lacroix.