Collection(s) : Les destinées du patrimoine
Paru le 29/03/2002 | Broché 191-VIII pages
Tout public
La saline royale d'Arc-et-Senans est un des tout premiers monuments industriels de l'Ancien Régime. L'ampleur du parti, l'éclat artistique, le graphisme savant, le projet visionnaire : tout est exceptionnel dans cette manufacture, que son auteur rêvait d'entourer d'une ville idéale à la campagne. En renouvelant l'expression des formes, elle ennoblit une puissance financière redoutée, celle de la Ferme générale, chargée de collecter et de gérer, pour le roi, les ressources de l'impôt sur le sel, la gabelle. Mais, par le talent de son créateur, Claude-Nicolas Ledoux (1736-1806), et par la commande de Louis XV lui-même, elle est plus encore : un des symboles de la monarchie éclairée et des réformes que celle-ci promut pour enrayer la contestation dans la société des Lumières et répondre aux mutations économiques, sociales et philosophiques. Fermée à la fin du XIXe, la saline faillit périr au début du XXe siècle. Sa vie chaotique parmi les monuments historiques, jusqu'à la Ve République qui y crée un centre culturel, révèle à la fois la fascination qu'exerce son architecture, unique au monde, et la difficulté d'associer, aujourd'hui, un imaginaire historique à ses espaces.
Daniel Rabreau est professeur d'histoire de l'art moderne à l'université de Paris I, où il dirige un centre de recherche spécialisé dans l'étude du XVIIIe siècle. Après une thèse d'Etat consacrée aux théâtres et à l'aménagement des villes de ce siècle, son dernier livre traite de l'architecte Claude-Nicolas Ledoux.