Fiche technique
                    Format : Broché
                            Nb de pages : 340 pages
                            Poids : 601 g
                            Dimensions : 16cm X 23cm
                                    ISBN : 978-2-251-45722-2
                            EAN : 9782251457222
            
La sprezzatura
de l'excellence à la grâce
Quatrième de couverture
Dans son Livre du courtisan de 1528, Baldassare Castiglione baptisait sprezzatura une certaine désinvolture nonchalante « qui s'exprime par un mot, par un rire, par un geste, et qui montre que l'on n'attache pas d'importance à ce que l'on fait », « pour faire croire à celui qui regarde que l'on ne saurait ni ne pourrait se tromper ».
Il nommait ainsi, il y a cinq siècles, un comportement dont nous faisons fréquemment l'expérience mi-émerveillée, mi-médusée, dans l'enseignement, le sport, l'espace social, l'espace médiatique...
Mais que révèle l'invention de la sprezzatura ? Que sont vis-à-vis d'elle l'« affectation », la dissimulation ou l'imagination ? Est-elle mépris, déprise, désinvolture, nonchalance ? Tient-elle de l'art ou du miracle ? Est-elle apparentée au « naturel », à la beauté renaissante, au maniérisme, au génie ou au je-ne-sais-quoi ? Comment la société de cour lui donne-t-elle sens ? Surtout : pour nous, qu'est-elle et que peut-elle ?
Répondre à ces questions, et à bien d'autres encore, c'est mettre en pleine lumière un phénomène captivant, au coeur de nos propres existences. C'est promettre, au-delà de l'excellence, une possibilité de la grâce.
Je relis L'enfant d'Agrigente, je relis Le latin mystique, je relis Curtius, Auerbach, Pierre de Nolhac... : je les réunis en esprit dans une collection idéale qui satisfait à la conception que je me fais de l'essai. Le mot est à la mode et désigne un genre polymorphe : essais historiques, scientifiques, politiques, critiques ; tantôt l'exposé d'un point de vue brillant et instantané, proche du pamphlet, tantôt la quintessence de recherches patientes dans un champ disciplinaire donné. C'est plutôt ainsi que je vois la création d'une collection intitulée « Les Belles Lettres/ essais ». Dans le paysage éditorial français, notre maison se distingue par la place qu'elle réserve à l'érudition, cette sévérité, qui est de fondation, est son honneur. Elle se distingue aussi par la place éminente donnée à des langues et à une culture qui sont de plus en plus l'apanage de spécialistes. Mais l'érudition n'est pas cuistrerie et il arrive que la spécialité partagée vienne enrichir d'un éclat irremplaçable la culture universelle. Seulement, il faut, pour cela, infuser à la philologie une âme, c'est-à-dire de l'amour - et un style. Ou, comme sur la monnaie d'Auguste, à la lenteur cuirassée du Crabe marier la légèreté du Papillon1. C'est le rôle de l'essai, essai en ce sens aussi que, relevant ce défi, on a mesuré la part de risque. 
 
P.L.