Collection(s) : Libretto
Paru le 06/01/2011 | Broché 236 pages
préfacé et traduit de l'espagnol par Michelle Lévi-Provençal
Mon père avait coutume de se coiffer dans le style de nos aïeux : tous les cheveux ramenés sur le front et la nuque tondue. Il était comme moi, laid de nature, mais ce genre de soin donnés à sa chevelure arrivait à le rendre, à mon avis, hideux.
Ana Maria Matute, grande dame des Lettres espagnoles, situe l'action de ce roman dans un Moyen-Age hanté et crépusculaire, où la civilisation peine à se faire une place dans la fange de la vie immédiate. Un monde où les illuminations d'une enfance soumise à la violence d'un milieu guerrier se reflètent dans les remous d'un fleuve majestueux. Il fallait une langue puissante et souple pour dire ce monde magique où la laideur se mêlent aux beautés indomptables des éléments. On pense au Jünger de Sur les falaises de marbre et au Gracq du Château d'Argol, et dans le même temps force est d'admettre que ce livre, dans sa splendide austérité, est unique.
La Tour de guet
Un grand fleuve traverse un pays sans nom sur lequel règne un roi que nul n'a jamais vu. C'est là que vit un enfant de dix ans fascinant de laideur. Fils d'un petit féodal inculte et brutal, cerné par la décadence, la misère et les bûchers, le gamin part, comme ses frères avant lui, chez un puissant baron, s'initier à la guerre. Sensualité, violence, magie, l'indicible l'entoure dans un monde de crasse et d'or mélangés. Qui de lui ou des autres est le plus inhumain ?
Roman initiatique halluciné proche du conte et d'une splendeur sans faille, La Tour de guet est une quête inoubliable en forme de chef-d'oeuvre.
Ana María Matute est née à Barcelone le 26 juillet 1926. Considérée comme l'un des plus grands écrivains espagnols contemporains, auteur de Paradis inhabité aux Éditions Phébus ou de Le Temps paru aux Éditions Gallimard, elle a obtenu en 2010 le prestigieux prix Cervantès pour l'ensemble de son oeuvre.