Collection(s) : Travaux et conférences de l'Institut des hautes études japonaises du Collège de France
Paru le 01/01/2005 | Broché 90 pages
Public motivé
Comme dans d'autres cultures traditionnelles, la vendetta fut, dans le Japon ancien, à la fois réprimée par les autorités et valorisée dans la sensibilité collective.
L'auteur, après avoir retracé cet arrière-plan historique, suit pas à pas l'histoire exemplaire des deux jeunes frères Soga qui, en 1193, tuèrent l'assassin de leur père, vengeance à laquelle ils se préparaient depuis leur enfance. L'un mourut au combat, l'autre fut condamné à mort et exécuté.
Vénérés comme des héros jusqu'à l'époque moderne, les frères Soga ont donné lieu à divers cultes dont les spécificités sont ici décrites. Leur histoire a surtout nourri une très abondante littérature : légendes édifiantes diffusées oralement par des moines prédicateurs ou par des conteuses chamanes, récits épiques ou dramatiques, et enfin, oeuvres destinées à la scène. Ce furent d'abord le drame dansé kôwaka, puis le nô ; avec l'essor de la civilisation urbaine au XVIIe siècle, l'histoire des Soga fit fortune au kabuki, et connut alors incessants remaniements, additions mélodramatiques, distorsions extravagantes. Bientôt, Soga et kabuki deviennent presque synonymes ; aussi l'étude du « répertoire Soga » permet-elle de projeter une lumière sur de nombreuses particularités de cette forme théâtrale.
Histoire sociale, histoire religieuse, histoire de la scène s'entrecroisent ici, à travers l'analyse de textes abondants et divers aussi bien que d'observations ethnologiques.
Sous une forme alerte, débarrassée de toute pesanteur érudite, Douglas E. Mills, professeur émérite à l'Université de Cambridge (Grande-Bretagne), livre ici tout le fruit de ses longues recherches sur la culture et la littérature japonaises.