Collection(s) : Savoirs et systèmes de pensée
Paru le 29/03/2007 | Broché 222 pages
Public motivé
textes réunis, traduits et présentés par Evelyne Buissière
La tâche urgente de notre époque est de remonter aux fondements du laïcisme. Le débat qui eut lieu en janvier 2004 entre Habermas et Ratzinger, publié dans la revue Esprit, met en évidence le caractère central du problème d'un auto-fondement de l'État démocratique dans le cadre d'une pensée laïque. C'est dans un tel contexte que les réflexions de Guido Calogero s'avèrent déterminantes. Élève de Croce et de Gentile, il se nourrit du néo-hégélianisme italien et épouse son exigence d'une pensée parfaitement immanentiste. Il va plus loin encore et déplace le terrain de la réflexion philosophique : la gnoséologie ne peut que conduire la pensée à retomber dans ces formes métaphysiques qu'il s'agit de dépasser. C'est la volonté qui constitue le véritable principe premier, auto-fondateur. Volonté qui échappe à l'irrationalisme comme à l'intellectualisme si l'on retrouve à sa racine le choix fondamental entre l'égoïsme et l'altruisme, choix omniprésent qui se formule à travers l'impératif du dialogue, le devoir de comprendre l'autre : «Ou bien je veux comprendre les autres, ou bien je veux rester seul avec moi-même».
Ce principe du dialogue est le seul principe indiscutable. Une forme de rationalité pratique post-métaphysique redevient pensable. Et c'est dans ce principe du dialogue que résident les fondements de la démocratie. Calogero tient ce pari de donner un fondement autonome à la démocratie sans pour autant arguer de son caractère purement procédural, puisqu'il nous renvoie à l'intériorité propre à tout sujet. Les droits inaliénables peuvent trouver un fondement non-métaphysique et surtout cette règle du dialogue permet de penser une cohabitation des idées et des cultures qui ne soit pas seulement neutralité bienveillante de la part des institutions, mais participation active des citoyens.
Guido Calogero (1904-1986), élève de Gentile et collaborateur de l'Enciclopedia Italiana, il devient l'un des chefs de file de la jeunesse anti-fasciste avec Aldo Capitini. Tous deux rédigent en 1937 le Manifeste libéral-socialiste, texte fondateur du Parti d'Action. La fin de la guerre ne signifie pas la fin de son engagement : homme politique, il participe à la fondation du Parti radical en 1955, homme de culture, il écrit dans divers journaux pour défendre l'école laïque, il fonde la revue Cultura, dirige l'hebdomadaire Panorama. Philosophe, il publie de nombreux textes dont de 1946 à 1948 ses Lezioni di Filosofia et en 1962 sa Filosofia del Dialogo.
Évelyne Buissière, née en 1962, enseigne en classes préparatoires au Lycée Champollion de Grenoble.