Collection(s) : Recherches d'histoire et de sciences sociales
Paru le 12/04/1995 | Broché 296 pages
Les disciplines historiques et littéraires entretiennent avec l'ordinateur des rapports changeants : hostilité générale naguère, engouements d'un grand nombre aujourd'hui. Les essais réunis dans ce livre sont le fruit d'un programme de recherches étalées sur les quelque trente années qui séparent ces deux moments dans l'histoire des applications de l'informatique aux sciences humaines. J.-C. Gardin montre comment les problèmes théoriques soulevés par les travaux mécanographiques d'antan se retrouvent, amplifiés plutôt que simplifiés, dans l'usage des «nouvelles technologies de l'information» : comment représenter notre savoir pour le communiquer aux machines dont on attend désormais qu'elles nous aident à raisonner et non plus seulement à compiler ?
Le problème n'est autre que celui de la formalisation du discours savant : les commentaires de toutes choses humaines que nous publions dans la littérature spécialisée se prêtent-ils à des reformulations à la manière d'un calcul ? Les exemples du genre éclairent crûment les mécanismes et les fondements de l'argumentation dans les «humanités». L'étude des textes scientifiques prend dès lors une dimension épistémologique étrangère aux recherches conduites ailleurs sur le même thème au titre de la linguistique ou de la sociologie : sommes-nous, dans les disciplines qui nous occupent, en présence d'une troisième voie de la connaissance, qui ne serait ni celle de l'homme-de-science ni celle de l'homme-de-lettres mais qui ne saurait davantage être celle de l'homme-de-la-rue, puisqu'enfin experts agréés nous sommes ?
Pour Jean-Claude Gardin, la raison du calcul dans les sciences historiques et littéraires tient d'abord à l'intérêt de cette question-là, quelque réponse qu'on lui donne.
