Collection(s) : L'esprit curieux
Paru le 01/01/2003 | 12 pages
Tout public
Versailles devenait ainsi le lieu géométrique des convergences et de l'unanimité. Cette vocation patriotique prit fin avec la monarchie de Juillet.
Le second Empire rendit le château à une destination ludique, et à l'occasion politique, que les Républiques confirmèrent. Napoléon III ressuscita pour un temps - en l'honneur de Victoria en 1855 et du roi d'Espagne en 1864 - le Versailles enchanté de Louis XIV. Le château devint peu après le témoin honteux de l'humiliation nationale.
Le 18 janvier 1871, Guillaume Ier voulut être reconnu Empereur dans la galerie des Glaces, pour la mortification des Français. Puis Versailles redevint pour quelques années le foyer républicain de la décision politique. La Commune interdisant Paris, le Président et les chambres s'installèrent dans la ville royale. Sous les IIIe et IVe Républiques, les deux chambres s'y réunirent en Congrès pour élire le Président et, sous la Ve, les parlementaires y révisèrent la Constitution. Versailles reste ainsi le siège d'un des actes les plus symboliques de la France républicaine. Il est aussi un joyau où peuvent s'étaler le faste et le prestige de la République. Aux grandes réceptions qui y sont organisées depuis 1900 s'est ajoutée une nouvelle fonction : la République reçoit à Trianon restauré les hôtes du gouvernement, et le château est régulièrement choisi comme l'écrin le plus prestigieux que la France puisse offrir aux entretiens politiques comme aux grandes négociations réunissant les chefs d'État de la planète.
Le sommet de 1982 éblouit tous les dignitaires des plus grands pays du monde. On y revit les splendeurs de Louis XIV.
Monument de la conscience nationale, Versailles demeure planté au coeur de la France comme caution de sa continuité et gage historique de son avenir.
Spécialiste du XVIIIe siècle français et de la Révolution, Guy Chaussinand-Nogaret est professeur à l'École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS).
