Collection(s) : Sources classiques
Paru le 25/11/2010 | Relié 307 pages
Public motivé
édition présentée et annotée par Didier Kahn
Les révélations du Comte de Gabalis stupéfient le narrateur : tout ce qu'on rapportait à l'action des démons n'est, en réalité, que l'effet innocent d'esprits élémentaires, qui peuplent les quatre éléments. Étrange idée de Paracelse, reprise dans un registre parodique savoureux.
Marquant la véritable entrée de Paracelse dans la littérature française, cet ouvrage est résolument dirigé contre les « sciences secrètes » au nom du sens commun. Il s'inscrit ainsi dans le processus de déclin progressif de la magie, de l'astrologie et de l'alchimie en France à partir du troisième tiers du XVIIe siècle. Son optique est aussi de nature résolument libertine : l'ouvrage vise en effet à ruiner la croyance à l'action du Démon.
C'était déjà le programme de l'Apologie des grands hommes accusez de magie de Gabriel Naudé. Mais l'abbé de Villars va employer pour cela une arme plus terrible que l'érudition du bibliothécaire de Mazarin : il recourt au dialogue d'idées tel qu'il a été mis au point par Pascal dans Les Provinciales. Muni de cet art de l'ironie dévastatrice, Montfaucon de Villars, porté par l'essor du cartésianisme, dispose de tous les moyens nécessaires pour transformer la figure théologique du Démon en objet de fantaisie littéraire, parvenant ainsi à peupler la littérature de sylphes, de salamandres, d'ondines et de gnomes tout inoffensifs et à y promouvoir l'image d'un démon impuissant à perpétrer le mal.
Chargé de recherche au CNRS (CELLF 17e-18e), Didier Kahn est l'auteur d'Alchimie et paracelsisme en France à la fin de la Renaissance (Droz, 2007), première partie de sa thèse, dont deux volumes sont encore à paraître. Il est aussi le Secrétaire du Comité de publication des Oeuvres complètes de Diderot (édition DPV) en voie d'achèvement chez Hermann.