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Paru le 19/09/2012 | Broché 153 pages
Public motivé
Les Chants de Maldoror comme les Poésies I et II interrogent la possibilité d'une subjectivité dans un monde de terreur et de désolation. Que reste-t-il du moi là où tout n'est que souffrance et douleur ? Guère plus qu'un Moi devenu moi, un moi endolori d'avance ; un moi souffrant comme les autres ; ou ce qui est pire encore, un moi souffrant d'isolement tant peut être violente l'incapacité à partager la souffrance des autres comme on partagerait une cause. L'oeuvre de Lautréamont incarne la souffrance du monde. Mais comme toute incarnation, elle est elle-même et autre qu'elle-même. Et il se pourrait qu'elle contienne ce qui la transcende, en l'occurrence, les traces d'un amour non pas perdu mais à-venir qui soit à-même de transformer l'existence. En réalité, ne sommes nous pas devant une oeuvre délicieusement dialectique ? En même temps qu'elle met en scène l'exposition et la réexposition des figures du mal, elle s'évertue à extraire Maldoror, son Maldoror chéri, de l'engrenage infernal dans lequel il s'est lui-même fourvoyé. Il est un fait qu'on ne déclare jamais la guerre à Dieu sans prétendre en cela faire résonner les chants de l'amour.