Collection(s) : Epiméthée
Paru le 14/06/2011 | Broché 325 pages
Public motivé
tintroduction, texte, traduction et notes de Hervé Pasqua
Nicolas de Cues (1401-1464), dans le De pace fidei, écrit l'année de la chute de Constantinople en 1453, avait souligné le danger de faire un usage politique de la religion. Une telle confusion du spirituel et du temporel, du religieux et du politique, se retourne et contre la religion et contre la politique, la religion en se donnant une mission temporelle et la politique en sombrant dans la mystique.
La Cribratio Alchorani est rédigée en 1461. Le contexte est politique plus que religieux. Le danger d'une invasion de l'Europe par les Musulmans était d'autant plus grand que l'Occident était divisé contre lui-même. Les États nationaux naissants étaient plus intéressés à renforcer leur pouvoir qu'à penser à la menace turque. Les Européens optèrent ainsi en faveur de Mohamed II, plutôt que de suivre le Pape.
Le philosophe mosellan comprit qu'il s'agissait d'un problème de civilisation et non de société. Au lieu de prendre les armes, il prit la plume. Il lut et étudia le Coran et toutes les oeuvres qu'il put se procurer sur le sujet, et que Pie II lui avait demande de rassembler en vue de sa lettre au Sultan. Il en sortit la Cribratio Alchorani.
Dans cette oeuvre, le Cusain se situe d'emblée sur le plan spirituel et théologique. Il déplace le problème : allant à l'essentiel, il prend le parti de faire une «pia interpretatio» du Coran, qu'il lit à la lumière de la Bible et de la raison. Sa lecture est religieuse et philosophieo-théologique. Elle s'appuie sur la «recherche de Dieu» propre à tous les hommes et seule capable d'unir chrétiens et musulmans.
Hervé Pasqua est recteur de l'Institut catholique de Rennes. Ses recherches portent sur le néoplatonisme en général et, en particulier, sur Maître Eckhart et Nicolas de Cues. Il a publié entre autres Maître Eckhart et le procès de l'Un aux éditions du Cerf (2006). Il a traduit, introduit et commenté Du non-autre (1462) (Le Cerf, «Sagesses chrétiennes», 2002) ; La docte ignorance (1440) (Rivages, 2008) ; La Paix de la foi (1453) suivi de la Lettre à Jean de Ségovie (Téqui, 2008) ; Dialogues de l'Idiot. Sur la sagesse et l'esprit (PUF, «Épiméthée», 2011).