Paru le 12/04/2004 | Broché 107 pages
Tout public
"Dans l'entonnoir de la dune, les rocs déchiquetés ou la plaine rase, le vent donne voix au désert. Toujours son emprise fit fabuler. Déjà, à la première bouffée de l'aube, le colosse de Memnon chantait pour les anciens. Pas un voyageur qui n'ait sursauté au crissement, au murmure, à la plainte d'un courant d'air dans les esquilles de grès. L'hallucination naît d'un rien. La gelée nocturne, la véhémence du jour, la chute du soleil, ces intervalles brefs entre des paroxysmes naturels avivent la tension nerveuse, aggravent la solitude. La pierre craque, pétille, fume, et il suffit d'un pas dans le sable pour déclencher un inexplicable tambour. Les Arabes savent bien qu'un génie y est tapi, à l'affût de l'égaré. Quand la soif égare l'oeil, Roul triomphe. Roul, l'ange noir, se pâme de rire et dresse les arbres verts, les coupoles roses, les eaux vives du mirage."
Charles-Henri Favrod découvre le désert arabe et africain voilà cinquante ans. Il y multiplie les voyages aventureux et ne l'a pas quitté qu'il en ressent aussitôt la nostalgie. Son récit d'aujourd'hui résume cette expérience de l'espace et des gens épars qui y cheminent depuis des millénaires, en défient les malédictions, maintiennent la coutume. C'est un témoignage qui rappelle également deux moments différents du Yémen.