Collection(s) : Bibliothèque arabe
Paru le 01/06/2016 | Relié 506 pages
traduit intégralement de l'arabe, présenté et annoté par André Miquel | calligraphies de Ghani Alani
Le fou de Laylâ
Sous ce nom (le Fou, ou le Fou de Laylâ : Majnûn Laylâ) se cache un jeune homme, Qays ibn al-Mulawwah, qui n'a peut-être jamais existé. D'entrée de jeu. il s'agit d'un inextricable duo entre histoire et légende. La première nous dit qu'au désert d'Arabie, dans la seconde moitié du VIIe siècle, circulent des poèmes chantant un amour parfait et impossible. Leurs auteurs, sous divers noms, se veulent, d'une tribu à l'autre, les meilleurs dans le genre, et pour avoir vécu cet amour, et pour le dire.
La légende, elle, nous parle d'un jeune homme, Qays, de la tribu des Banû Amir, qui tombe amoureux de sa cousine Laylâ. Tout devrait concourir à leur bonheur : ils n'ont aucune crainte quant à l'accord de leurs familles, portées, comme les autres, à ce type de mariage entre cousins. Mais voilà... Qays est poète, et il décide de chanter son amour à tous vents. Ce faisant, il enfreint une règle majeure du code bédouin. Dès lors, tout s'enchaîne : le refus de la famille, le mariage forcé de Laylâ, son départ de la tribu. Qays sombrant dans la folie et allant vivre avec les bêtes du désert, sa mort enfin, d'épuisement et de douleur.
Quel qu'en soit l'arrière-plan social, la légende crée un mythe : celui de l'amour parfait et impossible. De tous les poètes qui l'ont chanté dans l'Arabie de ce temps, Majnûn est sans doute le plus grand. Homme de chair et de sang, ou personnage inventé, il fixe au poème un unique sujet : l'amour dans toutes les variations possibles.
Agrégé de grammaire et docteur ès lettres. André Miquel a enseigné la langue et la littérature arabes classiques au Collège de France, dont il a été l'administrateur général, après avoir été celui de la Bibliothèque nationale. Auteur, notamment. de La Géographie humaine du monde musulman jusqu'au milieu de 11e siècle (Paris, éditions de l'EHESS, quatre tomes, 1973-1988), il a traduit aussi de grands textes classiques arabes. Sindbad a publié ses traductions de poèmes d'Abû al-Atâhiya, Ibn Zaydûn, Abû Firâs al-Hamdânî et Al-Sayâbt ainsi que l'anthologie poetique Les Arabes et L'Amour (en collaboration avec Hamdane Hadjadji, 1999) et l'essai. Du monde et de l'étranger (2001).