Collection(s) : Fins de la philosophie
Paru le 15/11/2011 | Broché 213 pages
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Après l'âge d'or de l'Antiquité, où il constitua un enjeu éminemment politique et philosophique, le motif de l'amitié a perdu de son éclat. Au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, des philosophes s'en emparent à nouveau et le replacent au coeur de l'activité de pensée. Maurice Blanchot le premier, Gilles Deleuze, Jacques Derrida, Michel Foucault, Roland Barthes ensuite ; ensemble, ils ont contribué à rendre à l'amitié sa dignité philosophique en faisant de celle-ci non plus une catégorie affective mais conceptuelle, sinon impersonnelle.
L'amitié telle que ceux-ci la conçoivent, la représentent et la vivent s'affirme sous le signe d'un refus absolu. Refus d'une identification aux dogmes, aux lois, aux normes, aux présupposés, à la nécessité, et jusqu'à la volonté. Comme si l'amitié n'avait plus aucun contenu positif, qu'elle ne coïncidait jamais avec elle-même, qu'elle ne se définissait que contre, dans le rejet de la transcendance, du visage même.
Figure de l'Intraitable, le nom d'amitié incarne pour cette génération le pur espace d'affirmation d'une pensée révoltée.
Olivier Jacquemond, enseignant-chercheur à l'ESCE, est l'auteur de romans (New York Fantasy, Mercure de France, 2009 ; Le Choeur des Tristes, Mercure de France, 2011) et d'un essai (Les 3 secrets, Sens&Tonka, 2008).