Paru le 01/01/1995 | Broché 64 pages
Durant ses dernières années, qui furent celles de l'exil. Ion Caraion forma le projet d'un ouvrage très important. Le Livre des Poèmes perdus, qui eût été à la fois autobiographie, art poétique, réflexion humaniste, bref, une oeuvre de tout premier plan. Aux prises avec une cruelle maladie, le poète parvint seulement à en rédiger le premier chapitre, qu'il me demanda de traduire, sitôt achevée ma version française de ses poèmes, réunis sous le titre de La Neige qui jamais ne neige.
Tout de suite, ces quelques pages m'emportèrent dans les méandres de leur style harmonieux, le flot de leurs images évocatrices qui nous font remonter à la source de la vocation poétique de l'auteur.
Dans ce texte bref, offert ici au lecteur et qui figurera donc comme l'unique fragment de l'œuvre envisagée, mais formant néanmoins un récit complet se suffisant à lui-même, Caraion parvient à ressusciter les plus lointains souvenirs de son enfance avec une maîtrise extraordinaire de fraîcheur et de vivacité, tant il est vrai qu'un poète ne saurait compartimenter son existence (comme il est courant de le faire pour la plupart des gens) en refermant successivement des portes sur les différentes étapes de sa vie : une seule ligne continue guide le cœur de l'artiste au fil de ses jours et rien ne semble plus aisé pour lui que de retrouver, aussi présents que jamais, les échos de son âme d'enfant... J.P.V.
