Paru le 04/12/2003 | Broché 94 pages
traduit de l'italien par Thierry Gilliboeuf
Nous avons l'habitude de considérer la poésie comme un fruit ou une fleur rare, un os ou un cristal, un oeuf ou une perle, sans tenir vraiment compte de la chaîne de choc, du raptus, des miracles, des accidents qui sont les antécédents naturels de l'inspiration. J'ai recueilli dans cette plaquette quelques épisodes lointains et tout proches pour suggérer la figure d'un Poète qui n'a jamais nourri l'illusion d'appartenir à l'espèce des fils du Soleil. Pour la première fois je me suis rendu compte exactement de mon état, j'ai pris conscience de ma dette. J'ai cru ainsi restituer quelque chose à ma vie. Parce que ce n'est qu'aujourd'hui, enfin adulte, que je suis parvenu à reconnaître et ordonner les circonstances qui m'ont conduit à écrire des vers. Je sais bien que les indices ont peu de poids et que les preuves ne sont pas déterminantes. Ici, dans ce domaine précis, nous avançons à l'aveuglette.
L.S.
Leonardo Sinisgalli (1908-1981), ingénieur et poète proche d'Ungaretti, son oeuvre puise autant dans la nostalgie de son Sud natal et le paganisme merveilleux de l'enfance que dans l'architecture onirique des machines et les «mathématiques sévères» chères à Lautréamont. Auteur d'une trentaine d'ouvrages, cet héritier de Léonard de Vinci n'a eu de cesse de chercher «dans les mots le dessin des choses». Sa poésie réalise la symbiose entre mesure et imagination, entre raison et instinct.