Collection(s) : Littératures
Paru le 17/01/2008 | Broché 115 pages
traduit de l'italien par Chiara Monti et Fabienne-Andréa Costa
"Bien qu'un point de lumière, que seule la mort pourrait éteindre, illuminât encore le fond de ma conscience, comme l'obscurité d'une forêt touffue bouleversée par la tempête, j'eus envie de pleurer, de me laisser tomber, de me rouler par terre et de crier. Je me rappelai le jour de notre voyage de noces, le sentiment d'éloignement que j'avais éprouvé à l'égard de l'homme dont j'allais partager la vie, et la promesse que je m'étais faite, dans ma solitude intérieure, de ne vivre que par moi-même. La distance qui nous séparait à présent était infiniment plus grande, mais la force et la volonté de pouvoir vivre sans lui, d'être privée de sa foi, étaient complètement anéanties au fond de moi. Mourir : il ne me restait aucune autre alternative, et je m'apprêtais à mourir s'il ne changeait pas d'avis à l'instant."
De l'adoration au désespoir, du calme lumineux de la mer à la violence frénétique du vent, les sentiments et la nature sardes vibrent ici avec la même exaltation, la même démesure. Passion et pudeur farouches, jusqu'au bout.
Grande romancière originaire de Sardaigne, Grazia Deledda (1871-1936) s'est hissée bien au-delà de la peinture de moeurs régionales. Elle a reçu en 1926 le prix Nobel de littérature. Son oeuvre, largement traduite en France de son vivant, est ensuite tombée dans un oubli injustifié, avant que les éditions Autrement ne rééditent Elias Portolu, suivi de plusieurs nouvelles traductions.