Collection(s) : Etudes et essais sur la Renaissance
Paru le 08/12/2003 | Relié sous jaquette
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Les visages que se prête une nation changent de forme et de sens au cours du temps. A l'image d'une France que le Moyen Age finissant imaginait sous la forme d'un jardin fertile, d'un arbre, d'un verger, viennent s'adjoindre au début du seizième siècle, des références à l'espace bâti pour désigner le royaume. Des arts visuels à la poésie, de la politique à l'esthétique, c'est l'articulation de phénomènes ayant trait à la représentation et à la formation d'une identité monarchique et culturelle française qui fait l'objet de l'enquête. L'analyse d'oeuvres de Lemaire de Belges, Marot, Corrozet, Du Bellay et Ronsard montre comment, sous des formes spectaculaires, monuments de papier de poètes proches de la cour et édifices des architectes du roi instaurent des rites de permanence et d'ordre dans un contexte de désunion religieuse et sociale. Si elle sert la propagande nationaliste et obéit à des stratégies de persuasion, la jonction des arts alimente aussi l'imagination créatrice de formes.
L'étude d'un moment charnière de l'histoire de l'espace bâti est une manière d'interroger les fondements de notre propre identité collective qui se conçoit toujours en fonction de l'édification de lieux de mémoire.
Cynthia Skenazi est professeur à l'Université de Californie à Santa Barbara.