Collection(s) : La philosophie en commun
Paru le 01/11/2003 | Broché 326 pages
Public motivé
En l'an 1850, Amédée Jacques, éminent professeur de philosophie au lycée Louis-le-Grand, est brutalement destitué après dixneuf ans de service. «L'Université est bien malade partout, et plus encore à Paris qu'ailleurs, écrit alors Jules Simon, voilà Jacques sur le pavé». Il faut dire que cet homme si parfaitement universitaire s'est lancé dans le journalisme démocratique en fondant en 1847 la revue La Liberté de Penser, et tente de construire avec la jeune génération de professeurs républicains une «philosophie démocratique et populaire» qui n'a pas l'heur de plaire.
Amédée Jacques quitte alors sa patrie asservie et avilie par le coup d'état de Louis-Napoléon Bonaparte, dans l'idée de transporter son rêve démocratique de la philosophie au pays du Rio de la Plata (le rêve qu'un Etat républicain, parce que fondé sur la liberté, serait demandeur d'un enseignement philosophique pour tous), et de le naturaliser latino-américain. Devenu recteur du Colegio Nacional de Buenos Aires, il ne rédigera pas l'œuvre théorique d'élucidation des premiers principes de la science dont il se disait porteur, mais aura peut-être inventé en Argentine une forme d'existence pédagogique d'un savoir philosophique que le Second Empire avait laissé en France sans emploi.
Patrice Vermeren, né à Reims en 1949. Professeur de philosophie à l'Université de Paris 8. Co-responsable du programme franco-argentin de philosophie politique ECOS-ScyT/A98H03 (Centre de recherches politiques de la Sorbonne, CNRS-Université Paris 1 et Institut Gino Germani, Université de Buenos Aires), et professeur honoraire à l'Université du Chili. Auteur, notamment, de Victor Cousin. Le jeu de la philosophie et de l'Etat (L'Harmattan, 1995), Philosophie, France, XIXe siècle (avec Stéphane Douailler et Roger Pol Droit, Le Livre de poche, 1994), Filosofías de la ciudadania (avec Hugo Quiroga et Susana Villavicencio, Homo Sapiens, Argentine, 1999), Philosophie de la culture de la paix (avec Ana Isabel Prera Florès, préface de Federico Mayor, L'Harmattan, 2001).
