Collection(s) : L'imaginaire
Paru le 13/03/1984 | Broché 224 pages
Quel signe marque Serge et l'empêche de vivre ? Il est condamné à la pire solitude, solitude terrible parce qu'elle est en lui. Sa vie ressemble à un rêve, mais «vit-on jamais des rêves revêtir un pareil caractère de réalité ?»
Solitude contagieuse et mortelle : Jojo, le petit déserteur, assassine sans remords, simplement parce qu'il a pensé : «Chacun pour soi. On est seul.» Et puis il se poignarde ; il tombe «absent de son crime, innocent de toute la terre». Loulou, qui aime Serge, meurt de le trouver si loin d'elle toujours : «Pourquoi suis-je seule ?» gémit-elle. Et Jean, l'autre matelot, aura ce regret en se sauvant par chance : «Pourquoi nous chassez-vous... ?» Avec ses élans et ses fuites, ses gestes et son immobilité glacée, les mots brefs qui trouent son désespoir silencieux, avec ses saccades nonchalantes, le rôdeur tisse une trame subtile et résistante de détresse entre lui et les êtres qu'il rencontre, entre ces êtres mêmes...
Peut-être sommes-nous tous pareillement malheureux ? Mais presque tous nous cédons à notre douceur d'homme : Serge saura-t-il s'abandonner, se plaindre ? Trouvera-t-il la force de se pencher, jusqu'à la chute, ébloui, sur son suicide ? ... On doute si son départ sur un bateau plein de dormeurs est la fin d'un cauchemar, le couronnement d'un rêve.
Quand parut Le rôdeur, en 1931, c'était la première fois qu'on lisait le nom de Pierre Herbart. Et pourtant l'écrivain est déjà là tout entier, tel qu'il sera plus tard dans Alcyon.
