Collection(s) : Hommes et sociétés
Paru le 01/05/2007 | Broché 651 pages
Public motivé
préface Jean-Pierre Chrétien | édition IFRA (Nairobi)
Le royaume du Buganda au XIXe siècle
Le 24 janvier 1892, deux camps s'affrontent dans la capitale du royaume du Buganda, au coeur de l'Afrique. Les « Anglais », surnom donné aux protestants, chassent les « Français », c'est-à-dire les catholiques. Les premiers, appuyés par le capitaine Lugard, expulsent le roi, rallié aux Pères blancs, la cathédrale est brûlée, les missionnaires sauvent leur vie de justesse. Le scandale émeut les capitales européennes.
Ces événements hauts en couleurs s'inscrivent dans un mouvement de conversions parmi les plus spectaculaires de l'histoire africaine. En moins de trente ans, avant même la conquête coloniale, les Baganda se sont convertis en grand nombre, soit au christianisme, soit aussi à l'islam. La ferveur, jointe aux calculs politiques, suscite des persécutions et des guerres de religion. Mais ne voir que l'aspect religieux de ces événements serait une erreur. Il s'agit du point culminant de transformations importantes du pouvoir, des relations de clientèle, des frontières et des relations diplomatiques entre États voisins et de débats sur la nature du roi et celle des dieux, sur le prestige et l'honneur. C'est à ce moment qu'aboutissent des logiques nées des découvertes, de l'impérialisme et du commerce européen mais aussi des relations avec l'Égypte et Zanzibar. L'ouverture au monde apporte avec elle l'écriture, les armes à feu, des plantes nouvelles, des instruments de musique, mais aussi de nouvelles maladies qui déciment la population.
Cet ouvrage nous fait comprendre ces phénomènes à travers une approche large de l'histoire politique, économique, religieuse, militaire, démographique et sociale du Buganda. Il ancre fortement l'évolution de ce royaume dans l'histoire de l'Afrique des Grands Lacs et nous révèle un État africain particulièrement structuré, entre ses héritages du XVIIIe siècle et son assujettissement à la colonisation britannique dans le cadre du Protectorat auquel son nom a été donné, l'actuel Ouganda.
Henri Médard, historien, est enseignant chercheur à l'université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne et au CEMAF (Centre d'études des mondes africains, unité mixte CNRS). Il a séjourné longuement en Afrique de l'Est. Il a mené des recherches principalement sur l'Ouganda mais également sur le Soudan, le Kenya et la Tanzanie.
