Collection(s) : Bibliothèque d'histoire de la philosophie
Paru le 19/09/2005 | Broché 268 pages
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Second volet d'une relecture de l'oeuvre de Merleau-Ponty à la lumière de ses inédits, cet ouvrage explore la façon dont l'intention philosophique de l'auteur est de bout en bout animée par une lecture critique de l'entreprise cartésienne. Merleau-Ponty entend affronter le «tremblement vite surmonté» qui aurait été celui de Descartes face aux «confusions» de la chair: la confusion de l'âme et du corps, celle des sentiments, et la pensée confuse à laquelle donnent lieu ces mêmes phénomènes. Ce scénario doit beaucoup à l'enracinement des années trente, où le projet merleau-pontien se forge dans une opposition radicale à la tradition idéaliste française représentée par Léon Brunschvicg. L'influence séminale de l'incarnation et du mystère chez Gabriel Marcel, celle de l'intentionnalité affective chez Max Scheler, posent les premiers jalons d'une future pensée de la chair et d'une réhabilitation ontologique de l'expérience sensible. Pourtant les conceptions merleau-pontiennes de la chair et du désir vont progressivement dépasser ces perspectives initiales, dans la longue maturation d'une écriture de l'empiétement qui débouche sur le motif du chiasme. Inspiré du propre «tremblement» d'un Valéry libéré de l'intellectualisme, le chiasme du désir tente une dernière fois de relever le défi des confusions cartésiennes, voulant réussir là même où Leibniz aurait échoué.
Ancien élève de l'École Normale Supérieure, agrégé de philosophie et de mathématiques, docteur en philosophie, Emmanuel de Saint Aubert est chercheur au C.N.R.S., UMR 8547.