Paru le 19/12/2018 | Broché 55 pages
peintures de Jean-Gilles Badaire
Le Réalgar
« Rien ne remplacera jamais cette lumière qui vient mordre le coeur, on ne sait pourquoi, et qui n'est pas sotte béatitude. La lumière est un loup, une abeille, une caresse. Sans la lumière, nous serions morts. Nous ne saurions vivre en permanence dans le noir, dans l'effroi. Écrire ne doit jamais ajouter du noir au noir, puisque le noir, déjà, est partout. C'est le message du pré, ce matin, tandis que je chemine à travers lui, sur sa pente raide, juste à la lisière d'un bois, tandis que le soleil semble mettre le feu aux pierres d'une murette qui m'éblouit le coeur, et je ne parlerai même pas du chevreuil qui bondit sous mes yeux comme l'alphabet musical d'une autre langue. »
Joël Vernet est né dans un petit village aux confins de la Haute-Loire et de la Lozère. Dès les années 70, il entreprend plusieurs voyages qui le conduiront aux quatre coins du monde, en particulier en Afrique et au Mali. Au fil de nombreux ouvrages publiés chez Lettres Vives, Fata morgana, La Part des anges, L'Escampette ou Le Temps qu'il fait, il développe un style singulier, entre la poésie et le journal de voyage ; il célèbre dans son oeuvre le minuscule et l'immense, le proche et le lointain. Il travaille par ailleurs avec des photographes, comme Bernard Plossu, et des peintres, en particulier Jean-Gilles Badaire. À l'automne 1999, il s'installe à Alep (Syrie) où il vivra deux ans. Il découvre l'Est de la Turquie et le désert syrien. Il vit aujourd'hui en retrait dans un petit village au-dessus de la vallée du Rhône.
Jean-Gilles Badaire est né en 1951 à Bourges. Sa peinture puissante et expressive puise dans des matériaux de récupération, pauvres et organiques, et se développe en paysages, en portraits et en natures mortes au gré des voyages réels ou intérieurs, à la croisée des terres et des livres. Souvent empreint d'une émotion brutale ou d'une réalité dédoublée par le rêve, son travail se déploie en variations de délicates lignes liquides ou de fraudes dérives de masses sensibles. Artiste proche des univers littéraires, il a notamment accompagné les textes de François Augiéras, Blaise Cendrars, Emily Dickinson, Julien Gracq, Amadou Hampaté Bâ ou Bernard Noël, et il est lui-même l'auteur de récits de souvenirs (Les Révoltes secrètes), d'impressions de voyages (Faire des études pour être mendiant) ou de journaux d'ateliers (Je ne lave jamais mes dessins). Son oeuvre est régulièrement exposée, en galerie et dans les institutions publiques, et le château de Chambord a montré une importante rétrospective en 2012. (F Heisbourg)
