Collection(s) : Littératures
Paru le 16/10/2012 | Broché 242 pages
traduction de l'espagnol (Paraguay), notes et préface d'Éric Courthès
Le tonnerre entre les feuilles
Ce recueil de contes d'Augusto Roa Bastos, fut publié à Buenos Aires - où il se trouvait en exil politique depuis la Guerre Civile de 1947 -, en 1953, par Editorial Losada. Il s'agit de son premier ouvrage en prose, des racines mêmes de son oeuvre, profondément paraguayenne en ses débuts, comme le sera tout autant un autre recueil de contes : Fils d'homme, en 1960 ; il atteindra, par la suite, l'universel avec Moi le suprême, son premier « roman » sur le dictateur paraguayen José Rodriguez de Francia, en 1974, ouvrage hors pair et hors normes, au niveau sémiotique, couronné par le Prix Cervantès, en 1989, à la fin de la dictature d'Alfredo Stroessner...
On peut dire donc de ce volume qu'il s'agit de son oeuvre la plus paraguayenne, la seule qui dispose d'un lexique guarani par exemple, et dans laquelle, sept ans avant Fils d'homme, il se proposait déjà de faire fusionner les deux hémisphères linguistiques de son pays bilingue, l'espagnol des Conquérants, et le guarani, merveilleuse langue indigène, parée de subtilités sémantiques, si métaphorique, que dans les notes du traducteur, le lecteur est invité à un autre voyage, au coeur même d'une civilisation quasi méconnue...
Roa Bastos est né le 13 juin 1917, à Iturbe, un petit village bilingue isolé, à 50 km à l'est d'Asunción, il fut marqué, dès son enfance, par un univers sylvestre, quasiment vierge, qui l'imprégnera profondément ; lors de son exil à Buenos Aires, il publiera d'ailleurs une série de recueils de contes articulés autour de cette thématique. En 1976, chassé par une autre dictature, il se réfugie en France, où il devient professeur de guarani et de littérature latino-américaine, à l'Université de Toulouse Le Mirail. Plus de dix-huit ans s'écoulent alors entre la publication de Moi le Suprême, et Le Procureur, en 1992, que l'on peut considérer comme son premier roman. Viennent ensuite quelques ouvrages majeurs, comme A contrevie, ou La veille de l'Amiral, qui le consacrent définitivement comme l'un des écrivains majeurs du continent latino-américain.