Collection(s) : In illo tempore
Paru le 17/04/2015 | Broché 227 pages
Public motivé
traduit de l'italien par Damien Bigini
Les chrétiens et l'Empire romain est une très belle synthèse qui remet à plat la nature des rapports entre le pouvoir impérial et la nouvelle religion. L'alternance entre phases de persécution et phases de tolérance ou de bienveillance est ici clairement détaillée, la chronologie précisée. Le vaste matériel sur lequel s'appuie l'auteur (oeuvres littéraires païennes et chrétiennes, correspondance, chroniques, textes juridiques, etc..) montre que la perception du christianisme par Rome est avant tout un fait religieux et relève en premier lieu de la « politique de l'État vers le divin ».
Les empereurs, dans leur fonction de garants de la pax deorum, doivent composer avec les pressions d'une cour instable et hétérogène, avec les inquiétudes du Sénat, ou les explosions de colère provenant des lointaines provinces. Marta Sordi analyse leur attitude. Tour à tour, ils se montrent prudents arbitres, à l'image du Trajan de la correspondance avec Pline, persécuteurs contraints, comme Marc Aurèle ou Dioclétien, bourreaux volontaires, comme Dèce ou Galère, ou sympathisants, comme les Sévères ou Gallien. Autant d'hommes et d'étapes, nous explique l'auteur dans la seconde partie, qui composent une trame unique : celle de l'inévitable rapprochement entre les deux premiers vrais universalismes de l'Histoire.
Marta Sordi (1925-2009) a enseigné l'histoire grecque et romaine dans les universités de Messine, Bologne, puis à l'Université du Sacré-Coeur de Milan, où elle a dirigé l'Institut d'Histoire Antique. Elle a en outre été membre de l'Institut Lombard de Sciences et Lettres, de l'Académie Pontificale d'Archéologie et de l'Institut d'Études Étrusques. Auteur d'une immense bibliographie (plus de 450 références), Marta Sordi a marqué de manière déterminante la recherche italienne, révolutionnant l'étude des relations entre chrétienté et Empire. S'appuyant sur une méthodologie extrêmement rigoureuse et des grilles d'analyse des textes d'une méticuleuse intelligence, elle a été la première à exploiter scientifiquement les textes néo-testamentaires en tant que matériau historique, organisant de véritables échanges et éclairages mutuels avec les oeuvres littéraires et les sources païennes ou chrétiennes contemporaines. Elle a reçu, en 1997, la médaille de la Ville de Paris.