Collection(s) : Histoire religieuse de la France
Paru le 02/03/1995 | Broché 485 pages
Public motivé
préface Jean-Marie Mayeur
Au lendemain de la loi Falloux qui ouvre à l'Eglise les portes de l'enseignement secondaire, en 1850, la question se pose : peut-on conserver comme manuels d'études littéraires les classiques de l'Antiquité païenne qui ont été à la base de l'enseignement dans les établissements dépendant de l'Université ?
Un homme se dresse pour exiger une réforme radicale, qui accorderait aux Pères de l'Eglise la prééminence dans les programmes : c'est l'abbé Jean Joseph Gaume (1802-1879), ancien supérieur de petit séminaire et vicaire général, qui règne aussi sur une maison d'édition religieuse nettement ultramontaine.
Il ne s'agit pas là d'un combat marginal, mené par un homme solitaire. S'il éveille des échos et suscite des oppositions, au sein de l'opinion et de la hiérarchie catholique, jusqu'au point de diviser publiquement l'épiscopat et de causer indirectement la publication d'une encyclique pontificale, s'il suscite des émules à l'étranger, au Canada, en Italie et en Espagne notamment, c'est qu'il pose la question de l'articulation de l'Eglise et du pouvoir politique sur le terrain, si sensible, de l'école.
Joseph Gaume se fait, dans ce domaine, le chantre de l'intransigeance catholique qui voit dans les régimes issus de la Révolution le renversement de l'ordre voulu par Dieu et qui voudrait pouvoir retourner à son profit l'arme que l'école paraît constituer à ses yeux. L'éducation fondée sur les classiques païens a fait une jeunesse admiratrice de la République romaine ; celle qui le serait sur la littérature chrétienne devrait être capable de la faire revenir dans le giron de l'Eglise et restituer à celle-ci son rôle maternel à l'égard des <