Collection(s) : Histoire, patrimoine et régionalisme
Paru le 21/10/2021 | Broché 325 pages
Public motivé
Alors que l'industrialisation commence à la fin du XVIIIe siècle dans la région stéphanoise, les élites se confrontent à leur dépendance au savoir-faire des populations artisanes et ouvrières. Les conceptions économiques et culturelles du travail de ces dernières se distinguent de plus en plus de celles de la bourgeoisie locale. Elles s'appuient sur une perception des corps en prise et en interactions étroites avec les fluides divers du cosmos, se réalisant dans une culture dionysiaque, rabelaisienne et millénariste, un rythme corporel qui s'adapte aux aléas et à une économie corporelle spécifique. Cette approche du monde s'avère très différente de la rationalité qu'exige l'industrie. Les élites s'emploient à saper progressivement cette culture, afin de se rendre maître des processus productifs. Cette disqualification des corps ouvriers emploie les théories de la dégénérescence et s'appuie sur l'hygiénisme, la suppression de l'initiative ouvrière dans la production industrielle, par la mécanisation, en particulier, et sur des disciplines du corps instillées aux populations, en commençant par les femmes.
Mikaël Duarte est professeur d'Histoire-Géographie au collège Grüner de Roche-la-Molière, docteur en Histoire, chargé de cours à l'Université Jean Monnet de Saint-Étienne.