Collection(s) : Collection du Centre Roland Mousnier
Paru le 01/12/2002 | Broché 557 pages
Public motivé
préface Yves Durand
Il existe, de nos jours, une catégorie d'hommes et de femmes oubliée par l'histoire, caricaturée par la littérature et, somme toute, peu connue de l'opinion : les domestiques commensaux du roi. Lorsqu'on se représente le château de Versailles, on imagine la galerie des glaces parcourue par des dames magnifiquement parées, les fêtes somptueuses en l'honneur d'un souverain mythifié, une cour chatoyante et nombreuse. Mais connaît-on ceux qui œuvrent en coulisse pour faire fonctionner cette immense machinerie ? Les serviteurs du monarque parcourent en silence les couloirs du palais, tout entier consacrés au service de leur maître et de sa famille. Gentilhomme servant, valet de chambre, médecin, mercier de la garde-robe, ils sont originaires de toutes les strates sociales du royaume et forment l'ensemble le plus hétérogène de l'époque. Un seul point les rassemble : leur commensalité. En effet, en échange de leur service, ces domestiques sont nourris, blanchis et bien souvent logés près de leur maître. Ils partagent ainsi avec lui des moments d'intimité que le roi n'offre à personne d'autres, si ce n'est aux membres de sa famille ou bien encore à sa maîtresse officielle. Un grand nombre de privilèges, exemptions et franchises leur sont proposés au titre de cette proximité unique en son genre. L'amitié qu'ils peuvent parfois entretenir avec le prince, les nombreux privilèges commensaux, l'importance politico-stratégique de leurs charges leur permettent souvent d'effectuer un véritable bond social au sein d'une société d'ordres définitivement ouverte. Ces perspectives avantageuses ainsi que l'amour qu'ils portent à leur maître sont-ils néanmoins des arguments suffisants pour unir, autour de la commensalité, des domestiques socialement si disparates ?
Sophie de Laverny est docteur en histoire (université de Paris-Sorbonne) et enseigne actuellement à l'université de Nice-Sophia Antipolis. A ce titre, elle poursuit ses travaux de recherche au Centre de la Méditerranée Moderne et Contemporaine, au sein de cette même université.