Collection(s) : Recherches proustiennes
Paru le 26/01/2005 | Relié 288 pages
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À la recherche du temps perdu, vaste oeuvre cyclique, ne fait que conter l'histoire de la vocation de son Narrateur, vocation dont l'aboutissement est le passage à la création littéraire qui coïncide avec la fin du roman, et en constitue à la fois le véritable commencement. Alors, la Recherche, qui symbolise le livre futur virtuel du Narrateur qui est à la fois même et dissemblable, n'a d'autre sujet que sa propre rédaction, que celui de la possibilité même d'exister ; elle actualise le triomphe de l'écriture intransitive, l'écriture qui ne renvoie qu'à elle-même. Mais la quête de l'art qui est celle du héros, offre et développe l'exposé d'une gigantesque théorie esthétique qui constitue le soubassement de l'oeuvre, théorie dans laquelle toutes les formes d'art sont convoquées, analysées, sondées, confrontées les unes aux autres dans un immense système d'échos, ces formes d'art qui génèrent un métalangage dont la finalité est de décrire conjointement l'oeuvre qui les contient et l'oeuvre à venir, à travers ce processus des figures du livre dans lequel la peinture, la musique et l'esthétique gothique constituent des modèles, mais également les toilettes féminines et l'objet alimentaire, où la Recherche se reflète indéfiniment et prend peu à peu consistance. Proust ressuscite la théorie issue du premier romantisme allemand qui dicte de mettre l'oeuvre en oeuvre sur des modes différents, et qui conçoit la littérature à la fois comme oeuvre et réflexion de l'oeuvre, mêlant la critique et la philosophie esthétique à la poésie la plus profonde, et toujours, dans une voie se dirigeant insensiblement vers cet idéal : le Gesamtkunstwerk wagnérien, l'Art total.
Momcilo Milovanovic, docteur de l'Université de la Sorbonne Nouvelle-Paris III, est historien de l'art.