Collection(s) : Blanche
Paru le 29/09/2011 | Broché 215 pages
Brindha Seethanen
(Millepages)
"A l'intérieur du corps, le squelette brille ! Qu'importe tout ce qui tente de museler le désir alors que nous sommes un assemblage de sens, qu'ainsi nous recevons le monde et qu'il devient possible de vivre au coeur de ses dons. A quoi bon s'enfermer dans des lieux aux couleurs ternes, devant des écrans rectangulaires aux camaïeux de gris, la tête emplie de chiffres ou de mots froids ou des murailles de la convenance ou du commerce. Dehors, les arbres sont verts de pluie et le ciel pâle en ce début d'été, je sais que si je pouvais ouvrir la fenêtre le vent entrerait avec le chant des oiseaux et tout aurait un air de fête. Interdire cela, rien que de s'ouvrir à la main du vent, c'est une interdiction de vie. "
Dans ce dernier récit, Ananda Devi emprunte les voix de toutes les femmes qu'elle a été (épouse, mère, amante, personnages masculins et féminins de ses romans) pour nous restituer avec passion et violence tout ce qui l'anime et qui fait d'elle un être de chair, d'amour et de mots. Une autofiction à lire comme la grande histoire d'une femme qui ne se contente pas de laisser corps et âme à l'épreuve du temps.
Les hommes qui me parlent
« Tous ces hommes qui me parlent. Fils, mari, père, amis, écrivains morts et vivants. Une litanie de mots, d'heures effacées et revécues, de bonheurs révolus, de tendresses éclopées. Je suis offerte à la parole des hommes. Parce que je suis femme. »
Ce récit autobiographique est une méditation sur l'existence, l'écriture, l'amour et la maternité, l'éducation, la solitude. Ananda Devi y évoque des souvenirs d'enfance, ses débuts en écriture, l'emprise de ces êtres dont l'amour, parfois, peut être une tyrannie. Alors vient l'envie de ne plus écouter ces hommes qui la musellent depuis si longtemps et de partir en brisant tout, comme le font souvent les personnages féminins de ses romans.
« Toutes les femmes de mes livres me l'ont dit : affranchis-toi. C'était le message que je m'adressais. Et je ne m'écoutais pas. »
Ananda Devi donne là un texte touchant, sincère, d'une violence saisissante.
Ethnologue et traductrice, Ananda Devi est née sur l'île Maurice. Elle a publié des recueils de poèmes, des nouvelles et des romans, notamment Ève de ses décombres (2006), récompensé par de nombreux prix littéraires, dont celui des Cinq Continents et le prix RFO. Elle est considérée comme l'une des figures majeures de la littérature de l'océan Indien.
