Collection(s) : Présent (im)parfait
Paru le 02/10/2023 | Broché 72 pages
enzo laurenti (LIBRAIRIE L'ATELIER)
On a ici une magnifique composition de fragments, dont les thèmes semblent a priori bien éloignés : il y est question de Beckett et de Médée, d'enfance et de Narcisse, mais aussi de la guerre et de ce qui s'en suit. Si l'unité du recueil ne peut être immédiatement donnée par la diversité des objets, ni par les formes mobilisées (on y retrouve un certain nombre de courtes phrases numérotées pouvant évoquer des aphorismes ou des thèses luthériennes, mais aussi des dialogues ainsi que des blocs de proses), on la verra vite apparaître ailleurs. Le soucis commun de ces textes, c'est peut être le corps mis en jeux dans le désastre du présent, tout à la fois comme thème et comme position d'écriture, qui devient le site depuis lequel se comprend et s'éprouve le désastre du présent.
Un très beau geste.
42. Ce matin dans la voiture qui t'embarque tu te poses des questions de position, de faute commise, et de mémoire
43. Tu sais seulement que la guerre retombe quelquefois de la montagne comme un éboulement
44. La guerre est descendue de la montagne pour venir te chercher
45. La guerre qui n'est pas finie, ou qui a mal fini, c'est elle qui te prend, qui te demande des comptes, qui te sort du sommeil, qui te rattrape
Mathilde Girard, née en 1979, est psychanalyste, écrivaine et cinéaste, autrice notamment de L'art de la faute, selon Georges Bataille (2017), Un personnage en quête de sublimations (2019) et La séparation du monde (2022). Son premier long métrage, Que quelque chose vienne, a reçu le prix Georges de Beauregard au Festival international du film de Marseille (FID) en 2023.