Paru le 25/10/2000 | Broché 151 pages
préface Anne Ubersfeld
Les passagers des trois mondes est un roman de l'exil, où se lit un tressage assez subtil entre le moi et l'histoire, entre l'observation et le souvenir : silhouettes entrevues au long des trottoirs et des boutiques, récits du retour au pays, et nouant le tout, cette idylle racontée avec une sorte de naïveté délibérée.
L'exil disperse les vies. L'unité d'un destin, dans un lieu nouveau se fragmente et le regard, comme l'existence, s'éparpille. De cette dispersion, le livre donne une image étonnante.
Au départ un lieu, un lieu de l'exil. Mais c'est un jardin, le Parc Montsouris, au sud de Paris. Un jardin, c'est toujours un espace d'ailleurs, un monde de nulle part. Il reçoit si peu d'empreintes : les fleurs, les branches s'épanouissent partout. Peut-être ce ne sont pas les mêmes, mais c'est aussi fleurs et branches, une nature vivante. C'est cela qu'il faut dire, c'est cela qui est dit. Et l'on se souvient pourtant des jardins de jadis, ailleurs. Rencontres des cultures, des sociétés, des groupes humains dans un Paris de touristes et de rêveurs, échappée d'amour dans une Normandie toute fraîche, comme si l'exil et les drames du siècle s'inscrivaient dans une jeunesse intacte, une joie de vivre presque adolescente.
Né à Mashad en 1950, la ville sainte située à l'Est de l'Iran, Mehdi Dadsetan est issu d'une famille nombreuse modeste, d'un père instituteur rigoureusement religieux et d'une mère anticléricale analphabète. La misère matérielle de sa famille est devenue le moteur de sa révolte et de sa rage contre le régime oppresseur du Chah. Dès l'âge de 9 ans il commence à militer dans des organisations politiques qui avaient pour objectif d'instaurer la démocratie et la justice sociale en Iran. En 1971, le soir de ses dernières épreuves pour devenir ingénieur agronome, il fut arrêté par la SAVAC, la police politique du régime du Chah et passe un an à la prison de Shiraz. A sa sortie de prison, il devient professeur de Lycée dans un bourg près de la frontière Afghano-Iranienne. Mais la Savac le poursuit et l'oblige à passer son service militaire comme un simple soldat dans une caserne connue pour sa discipline rigoureuse. En 1976, il quitte l'Iran pour continuer ses études de troisième cycle en sciences économiques en France. En 78 il interrompt ses études et rentre en Iran pour rejoindre le mouvement révolutionnaire. En 1981 à la suite des vagues d'arrestations et d'exécutions des opposants au régime de Khomeyni il est contraint de quitter son pays et depuis il est installé à Paris avec sa femme et ses deux enfants et travaille comme photographe indépendant.
