Paru le 18/10/2012 | Broché 220 pages
« La nuit avait vite passé, noyant le tumulte des pleurs et des voix dans les verres de clairin, les gobelets de thé chaud. Les femmes n'en finissaient pas de larmoyer, alternant gémissements, râles et cris pour dire le chagrin de Saintmilia. Elles troquaient, le temps d'une veillée, leur propre détresse contre la sienne, exorcisant ainsi dans les larmes les tribulations de leur existence. Une façon de confirmer un pacte tacite avec la vie : plutôt la mort chez la voisine que chez soi. Et, comme par remords, une émouvante sympathie pour elle : chanter son deuil, réciter les prières pour les trépassés, plaindre son sort. [...]
Les hommes, eux, buvaient sec et long, jouaient aux cartes, se racontaient des histoires drôles, des histoires de vivants, riaient aux éclats ... »
Jean-Claude Fignolé, fondateur, aux côtés de Frankétienne et de René Philoctète, du mouvement esthétique du spiralisme, commence ainsi le premier roman d'une trilogie. Ce grand roman du XXe siècle, devenu un classique, « un roman si important, mais d'abord si dense et si beau », opère la magie de distendre l'espace et de dilater le temps. Le village des Abricots devient le miroir du monde.
Jean-Claude Fignolé, né en 1941 à Jérémie (Haïti), a suivi des études de droit, d'économie et d'agronomie. Critique d'art, enseignant, journaliste, critique littéraire et écrivain, il a participé aux luttes démocratiques contre le régime de Duvalier. Passionné de la mer et plaisancier, on le retrouve aussi homme d'affaires engagé dans le tourisme nautique, le cabotage, le transport routier, la promotion immobilière avant de se consacrer à des activités de développement dans la commune des Abricots dont il a assumé la fonction de maire de 2007 à 2012. Grande figure intellectuelle, il est fondateur aux côtés de Frankétienne et de René Philoctète du mouvement esthétique du spiralisme.