Collection(s) : Littérature
Paru le 07/11/2015 | Broché sous jaquette 322 pages
Ils sont quatre chez les Doucet : le père, velléitaire et violent, parce que faible, la mère, autoritaire et manipulatrice, Gérard, le petit frère, vers qui seul vont toutes les attentions, et enfin Sophie, l'ainée, à qui sa mère voue une haine implacable et destructrice ; Sophie, qui découvre, observe, et tente de comprendre, pour l'apprivoiser, ce monde étrange qui l'environne.
Témoin de son propre parcours initiatique, Sophie se fait narratrice pour nous livrer la chronique aigre-douce des tribulations de la famille Doucet, du petit village de Brulefart, perdu dans une Drôme profonde où le temps parfois semble s'être arrêté, et que peuplent des personnages truculents et inquiétants, aux avenues d'Avignon, décor plus citadin pour une vie familiale toujours chaotique, autre galerie de portraits, aussi, pittoresques ou tristement réels...
Mais ce que Sophie nous livre, en filigrane de ce livre aux images colorées d'une France rurale et provinciale de l'après-guerre et des années 60, c'est aussi - surtout - une chronique tourmentée de ces années initiatiques où la vie se joue et où parfois la jeunesse se brise, dévorée jour après jour par l'acidité d'un monde humiliant et féroce, un monde dont les sphinx les plus terribles empruntent parfois leurs traits à un père, ou à une mère... Même l'amour, que croisera pourtant Sophie, en portera les stigmates - mais il vivra.
Née au beau milieu du XXe siècle, Elline Serretty a construit sa personnalité dans l'amour des paysages de la Drôme, dont elle est originaire, et dans la complexité d'une relation «sous tension» avec sa mère. Se définissant comme «extrêmement féminine avec un cerveau d'homme sur de nombreux sujets», elle trouve dans sa propre existence une vaste source d'inspiration, les matériaux dont elle fait ses romans n'étant que les fruits, suaves parfois, souvent acides, de cet ensemencement réciproque de l'imaginaire et du souvenir.
Mariée, Elline Serretty vit en Grande-Bretagne depuis de nombreuses années ; elle y a développé ses nombreux talents artistiques, trouvant dans l'écriture, bien entendu, mais également dans la peinture, une manière d'échapper à ce que la vie a pu semer en elle de blessures, une manière aussi de (re)trouver un bonheur dont elle a pu éprouver la fragilité.
