Collection(s) : Espaces littéraires
Paru le 04/12/2020 | Broché 237 pages
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Le roman totalisant est un sous-genre romanesque qui n'a jamais été jusque-là défini dans l'histoire littéraire. Il se distingue pourtant dans de nombreuses oeuvres, tant au cours du XIXe siècle (Jules Verne, Joris-Karl Huysmans...) qu'aux XXe et XXIe siècles (Georges Perec, Olivier Rolin, Patrick Roegiers, Patrick Drevet...).
Que cela soit à travers ses thèmes ou par le biais de ses techniques d'écriture, le roman totalisant tente de réaliser le rêve de la totalité. Ainsi, le personnage principal du roman totalisant a tout d'un être complet. Artiste et poète, il est aussi un savant. Son savoir touchant à tous les domaines de la culture humaine atteint l'encyclopédisme. Ce savoir est aussi le propre d'un narrateur qui s'ingénie à retracer l'histoire de la créativité littéraire par le biais de l'intertextualité.
Plus « spatial » que « temporel », le roman totalisant se déroule dans un cadre particulier : l'espace qui y est décrit est un monde total. « Convergent », il est incarné par un lieu restreint qui est, le plus souvent, la demeure du personnage principal. « Divergent », il est inscrit dans le parcours du monde que le personnage réalise. Quant au temps du récit, lorsqu'il ne reprend pas l'histoire de l'évolution humaine ou de la civilisation, il prend l'aspect de l'atemporalité.
Sur le plan formel, le roman totalisant naît de l'hybridité des genres littéraires, mais aussi picturaux dans la mesure où la constitution du texte reprend, le plus souvent, des motifs graphiques et plastiques. Étant livre à « fragments », il offre la possibilité de combinaisons multiples. Dans cette perspective, il ressemble de près au livre absolu tel que l'a imaginé Mallarmé.
Le roman totalisant semble répondre à l'ambition de tout écrivain : tout imaginer et tout dire, mais aussi à un fantasme humain plus général : tout lire, tout savoir. Si Gargantua propose à son fils Pantagruel de « gober » les livres, le roman totalisant propose au lecteur, sinon de « gober » le monde dans toute sa variété, au moins d'avoir de ce monde une image totale.
Hamsa El Solh est née à Saida (Liban) en 1971. Titulaire d'un doctorat en lettres françaises de l'université Saint-Joseph de Beyrouth, elle enseigne la littérature française à l'USJ et à l'Université libanaise. Elle est, en outre, membre de la DOPS au ministère de l'Éducation nationale.
