Paru le 05/12/2003 | Broché 150 pages
traduit du chinois par Françoise Naour
C'est, du propre aveu de son auteur, celui de ses livres à l'égard duquel il éprouve le plus de tendresse, accompagnée d'une juvénile jubilation. Wang Meng, qui sait être grave, confère une valeur philosophique à la légèreté : on peut rire de presque tout, dit-il, et il n'est pas de meilleure hygiène que de rire de soi-même. De là sont nées ces petites histoires, qui ne sont pas sans rappeler celles d'un certain Bertolt Brecht, et en même temps les contes zen, où la signification de l'apologue appartient au lecteur.
Wang Meng glane, dans sa vie privée, des anecdotes pleines de drôlerie (ainsi, son vieillissement le fait rire), dans sa vie d'ancien ministre (de la Culture !), il trouve matière à rire et à réfléchir, verbes qui, chez lui, ne s'excluent pas l'un l'autre ; enfin, dans sa vie de citoyen chinois, témoin à l'esprit critique des bouleversements qui s'opèrent dans la société au nom de la modernité, il n'a de cesse de repérer les boiteries de l'Histoire et ne se prive pas de brocarder les lourdauds qui du passé veulent faire table rase, au nom d'un aveugle progrès.
Né à Pékin en 1934, communiste de la première heure, Wang Meng n'en restera pas moins, tout au long de son parcours, un humaniste, à une époque où il ne faisait pas bon l'être. Droitier en 1957, exilé au Xinjiang en 1963. Après 1979, les lumières de la ville, à nouveau Pékin, et surtout, avec une vie publique très active, l'écriture enfin retrouvée et plus jamais abandonnée. Ministre de la Culture de 1986 à 1989, maintenant compagnon de route attentif mais distant, il ne se consacre plus qu'à l'écriture, aux voyages et à l'art d'être grand-père.
De Wang Meng, Bleu de Chine a publié Contes et Libelles (1994), Contes de l'Ouest lointain (2002) et Des Yeux gris clair (Chine en poche 2002).