Collection(s) : Ibériques
Paru le 03/03/2011 | Broché 193 pages
traduit de l'espagnol (Argentine) par Bernard Tissier
Les suicidés
Un directeur d'agence de presse - le Chef - soumet à l'examen d'un de ses collaborateurs trois photos de suicidés ; sur deux d'entre elles les yeux expriment l'épouvante tandis que la bouche paraît s'être figée en une grimace de sombre jouissance.
L'histoire racontée par l'écrivain argentin Di Benedetto part de là, de ces deux photos insolites dont le Chef charge le journaliste d'élucider le mystère, lui confiant en outre la mission de dénicher d'autres cas de suicide en vue de constituer une série susceptible d'être vendue à des journaux et revues.
Le journaliste (par ailleurs, protagoniste et narrateur-sans-nom du présent roman) a les qualités requises pour entreprendre pareille tâche. Il appartient à une famille dans laquelle le nombre de suicidés excède la dizaine. Le suicide est donc un thème qu'il connaît et qui le hante - hantise qu'il dorlote un tantinet.
Le narrateur ne travaille pas en solitaire. Voici quelques-unes des personnes qui l'assistent :
Il suffit, pour en savoir plus, d'emboîter le pas à ces personnages et de se laisser conduire. On ne devrait pas avoir motif de le regretter car Di Benedetto est au sommet de son art. Son écriture est plus laconique et incisive que jamais. Écriture virtuose, elle mêle étroitement et audacieusement narration, dialogues directs et indirects et use de plusieurs registres : soutenu, familier, mélancolique, dramatique. Quant à l'ironie et à la causticité coutumières à l'auteur, elles s'exercent surtout aux dépens du narrateur-sans-nom. D'un égocentrisme sans faille, pataugeant dans une psychologie solipsiste, celui-ci est par essence un tricheur. Il triche avec lui-même et triche avec les autres.
Di Benedetto (Mendoza, 1922 - Buenos Aires, 1986) est l'auteur de plusieurs romans et recueils de nouvelles. Les suicidés font partie d'une sorte de trilogie dont les deux autres titres sont Zama et Le Silenciaire.