Paru le 03/01/2002 | Broché 167 pages
Professionnels
La notion d'échelle, référée à celle de territoire, constitue une notion située au cœur des tensions existantes entre les apports théoriques provenant des diverses disciplines participant des sciences de l'espace et des sociétés, et les expériences accumulées par les praticiens et spécialistes de l'architecture, de l'urbanisme, du paysage et de l'aménagement. Elle fournit la mesure de nombreuses propositions scientifiques en même temps qu'elle produit le cadre de l'élaboration des solutions d'aménagement.
La question de l'échelle, qu'elle soit celle de l'analyse ou celle de l'intervention, est ainsi au cœur des interrogations parallèles des organismes territoriaux et des institutions d'enseignement et de formation. Ces dernières sont sommées de dire comment elles conçoivent les savoirs du projet à ses différentes échelles (immobilières, architecturales, urbanistiques, paysagères...), tandis que les agences d'urbanisme, les CAUE ou les autres instances territoriales d'étude, d'expertise ou de conseil doivent s'attacher à des questions (habitat, environnement, patrimoine, pollution et déchets...) dont les échelles s'avèrent variables du point de vue de l'objet considéré (schéma, plan, directives...) comme du point de vue des commanditaires (municipalités, groupements de communes, pays, départements...). Enfin, la question de l'échelle rejoint d'autres questions (de connaissance comme de pratique) qui émergent des dialectiques actuelles de la mondialisation et du lieu. Les questions concernant les échelles d'interprétation et d'interaction entre le global et le singulier, le mondial et le local, rejoignent aussi les questions générées par la recherche de stratégies spatiales propres à assurer des développements durables.
A la jonction des préoccupations des chercheurs, des pédagogues et des praticiens, différentes échelles semblent mériter d'être soumises à la question : géographiques, économiques et sociales, politico-administratives, paysagères et urbanistiques, techniques, architecturales. Ces échelles se croisent, dialoguent ou s'opposent, c'est-à-dire se recouvrent et se juxtaposent : le territoire est phénomène social total, et de ce fait son appréhension entraîne des perspectives parcellaires qu'il s'agit justement de distinguer plus clairement pour en mieux comprendre les effets et les enjeux. Les questionnements envisagés, systématiques, veulent apporter des éléments de réponse à des questions simples dans leur formulation, mais en fait redoutablement complexes, parce que «totalisantes» : qu'est-ce qu'un site ou un lieu ? qu'est-ce que la distance ou la proximité ? quels sont les territoires de la mobilité ? quelles sont les solidarités territoriales et leurs limites ? quelles sont les relations entre des marchés de plus en plus déterritorialisés et des territoires constitutifs de vies sociales et d'identités collectives ? qu'est-ce qu'un quartier ou un fragment de ville ? quelles relations entretient le paysage comme mythe ou récit au paysage comme unité (d'intervention) urbaine ou horticole ? quelles échelles architecturales instrumenter face à la ville ou au paysage ?
