Collection(s) : Carnets de l'Herne
Paru le 30/09/2010 | Broché 69 pages
Lettre de Suisse
J'ai probablement eu tort d'intituler cette lettre, lettre de Suisse. Je n'ai rien à dire sur la Suisse comme sur n'importe quel pays que j'ai pu visiter. Pour revenir à la Suisse, je m'y plais. Je comprends Paul Morand d'y vivre, c'est le seul pays vraiment dépaysant sans désagrément. Et surtout, on s'y sent en sursis.
Il y a Benjamin Constant, au sujet de la Suisse. Enchaîné à Coppet, aux ordres de Minette et se plaignant : « Ah ! Ce lac... » Il faut dire que Genève est navrant.
Ici au moins, il y a des edelweiss, des biches qui sont censées traverser la route... la nature est superbe et j'aime la nature. Il faudrait vivre ici ou à la campagne, toute sa vie. Quitter Paris, quitter les rues, les amis gentils, les ennemis méchants, les soirées gaies, les matins fatigués, les conversations drôles, quitter enfin cette possibilité incessante d'avoir quelque chose à faire. Ici on n'a rien à faire : cette lettre en est la preuve.
F.S.
