Collection(s) : Cahiers latins
Paru le 05/05/2011 | Broché 115 pages
présenté et traduit de l'espagnol (Argentine) par Jacques Ancet
Lettre ouverte est sans doute le texte le plus extrême de Juan Gelman. Peut-être parce que, dans un bouleversement affectif et langagier qui, à ma connaissance, n'a pas d'équivalent dans la poésie contemporaine, s'y exprime l'extrême du désarroi et de la souffrance - au sens propre : une passion. Celle du père crucifié par la disparition du fils (enlevé avec sa femme enceinte en 1976 et «disparu» dans les geôles de la dictature argentine) et qui, comme dans L'Opération d'amour qui le précède immédiatement, ne trouve plus pour dire l'absence et la douleur que l'éclatement d'une écriture rendue plus explosive encore par le recours à une forme et une métrique régulières : le quatrain et le grand vers classique hispanique : l'hendécasyllabe.
Jacques Ancet
Juan Gelman est né à Buenos Aires en 1930.
Poète, traducteur, journaliste, militant révolutionnaire, il quitte l'Argentine en 1975, un peu avant que ne s'installe dans le pays, de 1976 à 1982, l'une des pires dictatures qu'ait connue l'Amérique latine en ce siècle pourtant fertile en horreurs.
Quand on demande à Juan Gelman s'il peut pardonner, après l'exil et la disparition des siens, il répond : «Non, je ne crois pas au pardon. Pour une raison très simple ; je ne sais pas à qui les victimes ont délégué leur faculté de pardonner. Je ne peux m'arroger cette faculté. Je crois en la justice.»
Pour cette oeuvre considérable, Juan Gelman a reçu quelques unes des plus hautes distinctions des lettres hispano-américaines et espagnoles : le prix de littérature latino-américaine et des Caraïbes Juan Rulfo en 2000, les prix Pablo Neruda et Reina Sofía de poésie ibéro-américaine, en 2005, et enfin, le «Nobel» hispanique, le prix Cervantès, en 2007.